Machine ya Kauka (BELOBI NG’EKERME Jean-Marie dit Meridjo)

Meridjo
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Jean-Marie Belobi Ng’Ekerme est un artiste au physique fort imposant. Un vrai basketteur puisqu’il joue au basket club Onatra dans la commune de Kalamu. Son père est ingénieur mécanicien à l’Office national des transports (Onatra) et, il est logé au camp des travailleurs dans le quartier Kauka dans la commune de Kalamu. C’est sur le terrain de basket du camp des travailleurs qu’il va apprendre à pratiquer ce sport. A l’époque, Meridjo y consacre le plus clair de son temps. Il y fera d’ailleurs la connaissance de Mozin Mozingo qui le suivra dans le groupe Zaïko Langa-Langa. A côté du basket, il a une autre activité qui lui tient à cœur, le scoutisme ainsi que le mouvement de Xavérie. Ces deux mouvements étaient l’œuvre des prêtres qui tenaient à occuper les jeunes pendant les vacances et les heures libres. Dans ce mouvement notre champion de basket jouait aux percussions lors des manifestations organisées par les prêtres qui avaient en charge la formation des jeunes. Son physique et le sport qu’il pratiquait lui avaient donné suffisamment de force pour exceller dans l’usage des percussions.

Meridjo est alors attiré par les sons produits par le groupe musical Zaïko Langa-Langa. Il va s’y rendre par curiosité et, il en sortira comme percussionniste du groupe. Son entrée dans Zaïko Langa-Langa va littéralement changer sa vie au point de mettre un terme à ses études, lui qui venait d’être inscrit à l’ISTA. Il signe véritablement son entrée dans le groupe, le jour de la sortie officielle de Zaïko dans le bar Hawaii sur l’avenue Bongolo dans la commune de Kalamu. DV Muanda qui le connaissait très bien lui demandera de jouer à la Tumba (Tam-Tam) et c’était parti. Le groupe à l’époque a deux batteurs : « Baudoin Mitsho » et « Bimi Ombale » ce qui ne lui donne pas la place à la batterie. Les absences de Baudoin Mitsho (belgicain) dérangent énormément le groupe qui prend la décision de faire de Meridjo, un des batteurs effectifs du groupe. C’est ainsi qu’il va quitter la Tumba pour la batterie. Quelques mois après, le groupe signe un contrat pour une série de productions à Pointe-Noire en république du Congo.

Dans le train qui achemine le groupe à Pointe-Noire, l’ambiance est électrique. Les musiciens chantent et dansent au rythme des roues du train. Les chanteurs sont inspirés et demandent au batteur du groupe de s’en inspirer pour produire un nouveau rythme. Dans le train, le batteur boude ses amis et trouve que ce n’est pas réalisable. De retour à Kinshasa, il va subir la pression de ses amis et va travailler avec l’ensemble du groupe pour reproduire ce rythme avec sa batterie ; le Cavacha venait de naitre. Ce changement qu’apporte le groupe grâce à Meridjo va bouleverser la musique congolaise. Tabu Ley Rochereau et son groupe l’Afrisa International introduisent la batterie dans la musique congolaise en 1968. Meridjo va quant à lui donner une touche particulière en y insérant la caisse claire. Un surnom sera collé à sa personne « Machine ya Kauka » pour avoir su reproduire le son des roues du train. Toute l’Afrique va se l’approprier et, ce courant va même influencer la musique antillaise. Les deux grands orchestres de l’époque, « OK Jazz » et « Afrisa », vont dans un premier temps bouder ce rythme pour enfin finir par l’adopter. Tabu Ley va s’en rendre compte à son retour de l’Olympia de Paris en 1970. Zaïko venait ainsi de générer une identité spécifique en se démarquant des deux styles (Franco et Rochereau).  Très observateur, Meridjo ne parle pas beaucoup mais reste tout de même un grand blagueur. Infatigable, il lui arrive d’assurer seul tout un concert sans jamais accuser de fatigue. Le côté sportif de ce natif de Kauka y est bien pour quelque chose.

Le batteur du groupe va récolter beaucoup de succès. Cependant, trois ans après son arrivée dans le groupe, il va connaitre un cauchemar qui l’enverra en prison. Il va vivre les deux années les plus dures de sa vie loin des siens (la famille et ses collègues musiciens). La prison d’Ekafela à l’ancienne province de l’Equateur accueille le jeune musicien qui verra sa place prise par un autre batteur venu de Stukas « Ilo Pablo ». A son retour dans le groupe, il reprend sa place et évolue avec Ilo Pablo, sa doublure. Ce fut véritablement le beau temps. Meridjo a composé des chansons qui ont emballé le public et marqué les esprits. Son dernier tube 77x7 de l’album « Nous y sommes » a permis aux nouvelles recrues (Déo Brondo, Willy Bula) de pouvoir s’exprimer. Timide, il laisse parler ses œuvres notamment Ben Benito, Zizita, Nyongo Ekeseni, Matondo, Bolingo aveugle… 

Meridjo
Matima le guitariste et Meridjo

Il vit mal la séparation du groupe en 1975 mais ne se laisse pas emporter par la vague Evoloko et ses amis. Il va aussi résister lorsque la bande à Bimi Ombale décide de quitter le train pour la création de « Familia Dei » dont l’existence sera éphémère. La concurrence ne fait pas peur à ce maitre, baguettes à la main. Il va dans son secteur accueillir beaucoup d’autres batteurs durant son parcours dans Zaïko Langa-Langa. Meridjo n’hésite pas un seul instant à donner la chance aux nouveaux venus et à les encadrer. Roucoulet Kibwa va hériter des baguettes laissées par ce virtuose de la batterie.  Il reste le grand batteur du groupe, celui qui donne le tempo et qui fait la différence entre Zaïko Langa-Langa et d’autres groupes.